Un espace à l’abandon, rivage, terrain vague ou limite du monde.
Un homme au dedans. Seul, muet.
Rachel entre. Une voix se met à parler.
Récit d’une course. Traversée de pays, de villes, de visages, à l’affût d’une promesse.
« Je vous ai cherché. Sur tant d’autres terres. J’ai usé mon corps à chercher mes frères en chacun de vous ».
La fragilité des mots parle d’une heure où les questions ressassées ne trouvent réponse qu’à travers une main que l’on tend, au besoin dans le vide.
La voix est adressée. A elle-même. A l’homme. A la masse du public devant elle. Ou au delà.
Un appel. Un aveu. Une possibilité de renoncement.
Enfin une irrésolution, portée comme seule protection et comme seule arme face au silence et à la chute des corps dans les caniveaux, les charniers, les supermarchés.
L’homme reste muet.
Seuls des contacts entre les deux corps adviennent, comme une ponctuation.
« Et moi, je prétendais aimer d’une façon aberrante ».
Derniers mots de celle dont la recherche sans fin n’aboutit qu’à la rencontre avec un corps mort. Le sien. Le vôtre. Celui d’un frère. D’un étranger. D’une humanité toute entière.
Des décombres de l’immobilité/du silence commencera un mouvement.
« Tu es les poules mortes, l’enfant dans l’arbre. Tu es le gris du ciel et celui de la mer. Tu es le regret que chaque être porta après chaque séparation. Tu es le souffle court près du sommeil. Et l’orage qu’on ne rattrape pas. Tu es la clarté de l’Est quand la nuit meurt. Loin du silence de la région. Tu es comme ces hommes que l’on vit un jour sauter de la falaise et qui disparurent avant même de toucher l’océan. » Les après-midi aveugles